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16 février 2015 1 16 /02 /février /2015 20:44
La passion de la méchanceté : : sur un prétendu divin marquis
La passion de la méchanceté : : sur un prétendu divin marquis

La passion de la méchanceté : : sur un prétendu divin marquis

Type : texte imprimé, monographie
Titre(s) : La passion de la méchanceté : : sur un prétendu divin marquis
Publication : Autrement, 2014
ISBN 978-2-7467-3955-0

Cela faisait quelque temps, déjà, que je n'avais plus mis le nez dans un ouvrage de philosophie et l'envie m'en démangeait. Aussi , quand au détour d'un rayon de libraire je tombais sur cet opuscule, la rechute était inévitable.

 

Tout était là pour me tenter : un titre un rien accrocheur (« La passion de la méchanceté » cela est tout de même plus séduisant que « Prolégomènes à toute métaphysique future qui voudra se présenter comme science » non?), un auteur réputé pour sa plume acerbe et son goût (immodéré?) pour la disputatio (Michel Onfray – car c'est de lui qu'il s'agit – n'est plus un néophyte en la matière puisque l'auteur de la Raison gourmande  avait déjà sévi contre les avatars du freudisme (Le crépuscule d'une idole : l'affabulation freudienne, Grasset 2010 ). Bref, tout était là pour une bonne picure de rappel philosophique comme Michel Onfray sait si bien nous en innoculer.
 

L 'ouvrage s'ouvre sur une courte introduction consacrée à la tristement célèbre « chienne de Buchenwald », cette tortionnaire, femme du commandant du camp de Buchenwald, qui prenait le camps de concentration pour terrain de ses petits jeux … sadiques.

Oui sadiques, car c'est bien de sadisme et du marquis de Sade qu'il s'agit au cours des quelques 150 pages de ce délicieux petit ouvrage … Et, plus exactement, d'une certaine (non)lecture des œuvres de Sade initiée par Apollinaire et reprise ensuite par bon nombre des plus illustres figures de l'intelligentsia parisienne de l'après guerre, intelligentsia qui a cru voir dans le marquis de Sade autre chose que l''odieux criminel qu'en vérité il était.

 

La première partie de l'ouvrage, donc, fait un sort à la (non) lecture de Sade par Apollinaire. Tout au long de cette partie, Michel Onfray déconstruit avec maestria et brio la légende construite par Apollinaire à l'aube du XXème siècle d'un Sade fréquentable. C'est à un authentique et véritable travail de déconstruction que se livre Onfray en professionnel de la contre-enquête. Pierre après pierre, affirmation après affirmation, de vrais mensonges en fausses vérités, d'approximations en euphémismes, la construction d'un Sade amoureux, hédoniste, libertin et révolutionnaire engagé est démembrée, désossée, dépecée jusqu'à laisser place à l'authentique marquis de Sade : le véritable criminel misogyne, cruel, phallocrate, violent et lâche pardessus tout.

 

Puis vient le tour de la descendance d'Apollinaire, surréalistes en tête suivis par la majeur partie de l'élite universitaire parisienne de l'après guerre. Là, je dois confesser, à mon corps défendant, avoir été un rien déçu. Après avoir assisté, non sans plaisir (un plaisir sadique, peut-être) à la déconstruction magistrale du mythe d'un Sade « Génie incompris », je m'attendais à une mise en pièce du même acabit en ce qui concerne les adorateurs « récents » de la légende sadienne (Bataille, Deleuze, etc, les noms ne manquent pas.) Mais à ma grande surprise (et déception) le tir jadis nourri et d'une précision meurtrière (frappe chirurgicale) se fait ici schnarpel : il arrose tout azimut mais manque de précision, de finesse … Comme si la pluralité des cibles avait nuit à la précision de la frappe, avait dispersé le tir. Certes, quelques cibles particulièrement éminentes en prennent pour leur matricule (Bataille et sa fascination morbide pour le Mal et la blasphème, par exemple) mais le trait reste à hauteur de l'anecdote, de l'historiette et fait pas mouche. Je m'attendais à trouver, à l'instar de la lecture d’Apollinaire, la déconstruction de la lecture sadienne de Bataille … une autre fois, peut-être.

 

La guérison de la maladie judéo-chrétienne ne consiste pas dans l’inoculation du mal sadien, un dommage plus grand encore, mais dans la construction d'un éros libertaire et léger, réellement post chrétien.

La passion de la méchanceté : : sur un prétendu divin marquis

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  • : Considérations Intempestives
  • : En 1873, le philosophe allemand Friedrich Nietzsche publiait ses "considération intempestives " en réaction aux dérive de son époque : fièvre identitaire, dérive nationaliste, Enquistement dans la pensée unique. Aujourd'hui, la philosophie, à son tour, s'est peu à peu laissée gagnée par le mal du temps (Il n'y a qu'à lire quelques lignes de Ferry, Finkielkraut et consorts pour s'en convaincre). Seul le roman noir et quelques irréductible philosophes continuent à brandire le pavillon de la critique ... Ce sont eux que je désire vous faire connaître.
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  • Passionné de littérature, de culture et d'art avec une prédilection pour les polars et le jazz, l'auteur désire simplement partager sa passion.
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