Meurtre sanglant à Epinal
La nuit dernière, la brigade criminelle d'Epinal est intervenue au 11 ch XXXX, un lieu connu des forces de l'ordre pour sa réputation sulfureuse, afin d'éluder une bien étrange affaire d'homicide.
Au milieu de la nuit du 8 au 9 avril 2017, aux environs de 3 heures du matin, le propriétaire des lieux, Mr P., a été réveillé par un grand raffut provenant d'une des annexes du bâtiment sous-loué à un couple de poules de luxe.
"On aurait dit quelqu'un qu'on égorge!" a-t-il raconté à la police.
Descendu dans la cour voir ce qui se passait, Mr P. n'a pu que constater les faits : ces deux "pensionnaires", Melle Petronille, dite La Blanche, et Melle Pétronelle, dite La Rousse, gisaient sur le sol, dans une mare de sang ... et de plumes.
Selon les premiers éléments de l'enquête qui ne fait que commencer, les victimes auraient été attaqués alors qu'elles étaient alitées avant d'être poursuivies et agressées dans la cour.
L'enquête s'oriente désormais vers un règlement de compte dans le milieu de de la nuit ...
Affaire à suivre.
Sale temps pour les poules
"Sale temps pour les poules !" grommelait l'inspecteur devant le spectacle sanglant étalé sous ses yeux.
Il faut dire que le meurtrier n'avait pas fait dans la dentelle. Les deux créatures gisaient sur le sol, étendues dans une mare de sang et de plumes comme si, non content de les avoir saignées à blanc, l'assassin avait en outre cru bon de les dépouiller de leurs dernier atours : un boa de plumes (blanches pour Pétronille et fauves pour Pétronelle) qu'elles ne quittaient jamais, même pour coucher avec leurs clients.
Penché sur les corps sans vie, l'inspecteur souleva du bout d'un stylo une plume maculée de sang. Deux marques rouge carmin apparurent, se découpant nettement sur la pâleur de la gorge de Pétronille.
"La Belette, C'est la signature de La Belette" soupira l'inspecteur faisant référence au tristement célèbre proxénète qui sévissait dans le milieu de la nuit. "Il n'y a que lui pour suriner ainsi ses victimes."
Adossé à un lampadaire, Pierrot regardait l'oeil humide, la scène macabre.
"Qu'est-ce qu'elles faisaient là à cette heure ?" ne cessait-il de se lamenter. "Je leur avait pourtant bien dit que c'est dangereux la nuit ! C'est le territoire de La Belette et il ne supporte pas la concurrence."
Il faut dire que depuis quelques temps Pierrot n'avait plus la tête à ses affaires. Une série de soucis et de déconvenues avaient émoussé sa vigilance et les filles en avaient profité pour prendre des libertés. Pétronille et Pimprenelle, les Pépettes, comme il les appelait, ne s'étaient pas fait prier pour faire des heures supplémentaires et mettre un peu de beurre dans les épinards. Travaillant de plus en plus tard le soir, parfois même jusqu'à 22 heures et plus ! Plusieurs fois, elles étaient passées à deux doigts de la catastrophe mais l'expérience, loin de leur avoir enseigné la prudence, les avait rendu plus confiantes, voir plus téméraires.
Mais le soir venu, au couché du soleil, les territoires changeaient de maître : les Oies blanches cédaient la place aux Créature de la nuit et malheur aux créature à plumes qui croisaient ces oiseaux de nuit !
"Elles auraient dû savoir ça, ces deux cocottes" gémissait Pierrot devant le fonctionnaire de police impassible. "Je les avais pourtant mises en garde."
"Sale temps pour les poules !" se contenta de répondre ce dernier avant de jeter un drap pudique sur les deux corps inertes.