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2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 00:21
Retour à Thann
Retour à Thann

Le soir tombait sur la campagne alsacienne. Au loin les bâtiments sales de la gare ferroviaire était noyés dans un épais brouillard. S'ils ne m'avait pas gelé jusqu'à la moêle des os, je l'aurai trouvé plutôt bienvenu, moi, ce brouillard : le quartier de la gare de Mulhouse était l'un des plus laids qu'il m'ait été donné de voir. Avec son parking peuplé de prostitués anémiques et de clochards en quête d'un peu de chaleur humaine ou de vin chaud, ses bâtiments du stuck jaunâtre aux vitres brisées couvertes de toîles d'arraignés, tout en lui respirait la suffisance et le mauvais goût de ces bourgades bourgoises construites au coeur de la révolution industrielle, alors que la vapeur, le chemin de fer et l'industrialisation promettait à chacun sa part de bonheur et de prospérité. Aujourd'hui, on en était loin, du bonheur et de la prospérité. Malgré les promesses et les déclarations d'innombrables gouvernements successifs, le chômage atteignait des records d'altitude que même un Maurice Herzog ou un Spoutnik n'aurait pu rêvé atteindre ... Et pendant ce temps les douzes salopards du CAC 40 continuaient à s'en mettre plein les fouilles ... Et l'autre empafé qui nous promettait une moralisation de la politique. J'en aurais bien ri mais mes lèvres étaient gercés et ma bourse vide.

En attendant, mon train n'arrivait pas et la toquante, à mon poignet, me disait combien mes heures étaient comptées. Avec la nuit, le froid gagnait du terrain. Déjà je ne sentais plus mes doigts.

Enfin, dans un nuage de fuel et de vapeur que n'aurait pas reniée l'enseigne Bennetton, mon transport fut "mis en place" ainsi que me l'annonça la voix guturale mais féminine (si, si celà existe !!) de la préposée au chaud derrière son pupitre. Faisant fi de la politesse et de la courtoisie – quand la survie est engagée, même le plus british des gentlemens peut se révéler être un rustre – j'écrasais les pieds d'une vieille dame qui me gratifia d'un sourire glacial (pas grave, j'étais déjà frigorifié) et d'un coup de canne dans les tibias, je bousculais sans vergogne deux lycéens trop occupés à se bécoter pour sentir le froid et me précipaitais sur la banquette la plus proche du radiateur qui, par malheur, était froid.

Bientôt notre convoi se mit en marche, hoquetant comme un tubard en fin de vie, crachant une épaisse fumée noire qui, par intermitance, pénétrait pas les lézardes du compartiment et emplissait le wagon d'une odeur d'huile de vidange et de suie. Cahin caha, je me laissais bercer par le respiration asmatique de la locomotive et par les vibrations des roues cognant sur les traverses de chemin de fer. Les yeux boufis de fâtigue, je regardais le paysage défiler derrière les vitres embuées, du moins ce que la nuit et le brouillard me permettait d'en déceler. Les immeubles décrépis firent place à d'autre immeubles, encore plus décrépis, puis vint la friche industrielle avec ses carcasses de bureaux aux vitres brisées, ses hangards en ruine ... Partout la rouille, la terre et la désolation ! Heureusement, le train pénétra bientôt dans la riche vallée de Thann. Autrefois versée dans l'industrie du textile et de la potasse, elle avait su amorcer à temps sa reconversion industrielle pour se tourner vers la chimie et la vigne, parfois les deux à la fois. Là, les champs couverts de givre succédèrent au champ couverts de ruines, les petites maisonnées aux couleurs vives aux barres d'immeubles ternes. Pour un peu on se serait cru dans un conte de fées. Mon coeur recommençait à battre quand nous arrivâmes à l'entrée de Thann. D'immenses torchères éclairaient la nuit de leurs lueurs soufrées, des essaims de câbles serpentaient dans la lueur des projecteurs et une épaisse odeur chimique flottait dans l'atmosphère. « Gare de Thann, Terminus Tout le monde descend ! » annonça la voix métallique du préposé. Il ne pouvait pas avoir plus raison. J'étais de retour à Thann !!

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30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 18:28
Ellory RJ - Seul le Silence
Ellory RJ - Seul le Silence
Synopsis

Joseph Vaughan a 12 ans lorsqu'il découvre le corps mutilé d'une fillette abandonné dans un champ, non loin de chez lui. Cette mort, qui n'est pas la première à frapper la petite bourgade d'Augusta Falls (Géorgie, USA), sera suivie par d'autres, toutes aussi atroces, perpétrées d'abord à Augusta Falls puis dans les localités voisines ou plus lointaines.

Devant un pareil déferlement de barbarie, les forces de l'ordre d'Augusta Falls et des localités voisines se révèlent très rapidement dépassées. La population apeurée s'isole, se renferme sur elle-même. Les étrangers deviennent des suspects : « Seul un étranger peut commettre un tel crime ! », « Il est naturellement exclu que le criminel soit un membre de la communauté. », puis des indésirables dont se débarrasse de gré ou de force ...

C'est dans cette atmosphère lourde de peurs et de tensions que Joseph et ses amis décident d’agir … à leur façon ; c'est-à-dire à la façon de gamins de 10 ans terrorisés mais courageux : ils se réunissent en une petite bande pompeusement baptisée « Les anges gardiens » et font le serment de veiller les uns sur les autre et tous ensemble sur leur communauté … Mais que peuvent faire des enfants contre la brutalité des adultes ? Malgré leur efforts et leur vigilance, le tueur court toujours égrainant les cadavres comme les miettes de pain le Petit Poucet tout au long de son périple mortel … Périple qui au détour d'un méandre ne pouvait que venir percuter, avec la violence d'un uppercut bien placé, le destin du narrateur, Joseph Vaughan.

Et c'est de cette rencontre, de cet affrontement qu'est née l’œuvre : A Quiet Belief in Angels, Seul le Silence.

Critique

Seul le silence, A Quiet Belief in Angels, est le premier roman traduit en français de Roger John Ellory.

Même si la mort et le meurtre tissent la toile arachnéenne de l'intrigue, Seul le Silence n'est pas à proprement parler un polar. En effet, contrairement aux héros de polars – détectives ou policiers – qui vont au devant du danger par devoir ou conscience professionnelle, Joseph Vaughan semble d'avantage chercher à fuir les événements qu'à les rencontrer, voir les provoquer : toute sa vie, il n'aura de cesse de vouloir se construire une vie paisible, loin des meurtres et de leur cortèges de souffrances. Et de fait, ce sont plutôt les meurtres et leurs conséquences, qui le poursuivront. Et c'est cette persistance du Mal dans la vie du narrateur qui donne à cette œuvre une véritable dimension tragique : où qu'il aille, Joseph sera hanté par la mort de ces fillettes et son obstination à vouloir comprendre les meurtres scelleront son destin, d'abord en l'isolant de sa communauté, en le forçant à la fuite et à l'exil, puis le conduiront en prison pour le meurtre de sa compagne.

Pas vraiment un polar, Seul le Silence n'en reste pas moins un authentique roman noir, pur jus.

Écrit dans une veine très réaliste, très attaché aux détails et à la justesse des faits , il propose une description sans concession de la mentalité des petites bourgades de l'Amérique profonde. Derrière un vernis fait de sagesse paysanne et de bondieuserie bon teint, apparaissent, dès les premières tensions, des sentiments bien moins nobles mais humains … trop humains peut-être. Haine, jalousie, bêtise, rien ne semble épargner les habitants d'Augusta Falls. Du shérif Dearing sensé faire régner l'ordre dans la communauté qui n'hésite pas à fermer les yeux sur le lynchage de l'un des siens, à la propre mère du narrateur, empêtrée dans sa bondieuserie qui invite le voisin dans le lit conjugal encore chaud du corps de son défunt époux. Seule, l'institutrice du village semble échapper à la bêtise ambiante – peut-être justement parce qu'elle n'est pas vraiment du village, une étrangère pour ainsi dire, peut-être aussi parce qu'elle est l'institutrice et que son instruction, ses connaissances la prémunissent contre l'abrutissement qui semble frapper le reste de la population. Mais le sort ne l'épargnera pas pour autant : elle ne fera que passer, telle une étoile filante, illuminant un temps la nuit du narrateur avant de disparaitre dans la nuit. Notons toutefois que parmi l'ensemble des protagonistes de cette affaire, elle sera la seule à mourir d'une mort naturelle. Un privilège rare, parmi les proches du narrateur.

Même la ville de New-York n'échappe pas au vitriol.. Le New-York d'Ellory est bien loin du rêve américain fait de paillettes, de lumières et de féerie : il s'agit d'un New-York viril, brutal, un New-York à la Céline. Il suffit de les écouter pour s'en convaincre :

Céline, d'abord, et sa découverte de New-York : « Figurez-vous qu’elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux mêmes. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s’allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l’Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur. [Voyage au bout de la nuit] »

Ellory ensuite : «Et Brooklyn se rua sur moi telle une bête sauvage. Plein de tours et d'espoirs ; la lumière se fracassant entre les bâtiments dont on ne voyait pas le bout, le verre d'un million de fenêtres de Manhattan, et le monde, tellement de monde, trop pour distinguer le moindre individu. Broadway, Union Avenue, pancartes désignant des écoles et des églises, des centres médicaux, publicités et affiches aux couleurs et aux messages resplendissant ; et encore du monde, plus de monde sur un seul trottoir qu'il n'en passait à Augusta Falls en trois saisons. »

La même violence dans le trait, la même sensation de brutalité dans cette ville toute de verre et d'acier, pas vraiment accueillante, loin les contes de fées … Quant à sa population, sa faune …, c'est à travers la plume acerbe d'Ellory que le vice, la cupidité et tous les petits travers de New-York la bohème vont être exposés à la lumière du jour. Levée du voile sur un univers de scribouillards prétentieux, imbus d'eux-même, pétris de haine du monde et de jalousie des autres, prêt à vendre père et mère pour un quart-d'heure de célébrité, sur un monde de pique-assiettes fauchés et avinés, attirés par l'argent et la célébrité comme des mouches par une charogne. Et au milieu de toute cette fange, comme une rose sur un tas de fumier, Bridget Mc Cormack, rencontrée au hasard d'une allée de bibliothèque (encore un lieu de culture) et qui illuminera la vie du narrateur jusqu'à ce que la malédiction ne vienne à nouveau le frapper et l'entraîner dans le cercle de l'horreur.

Au final, même si une certaine morale finit par émerger du roman, Seul le silence reste une œuvre très noire

Une œuvre marquée du sceau d'un pessimisme profond, indélébile tout d'abord. Une œuvre dont la sagesse semble vouloir nous apprendre que toute grande vie se paye de grandes souffrances, que les œuvres les plus profondes, les plus riches doivent avoir été forgées au plus profonde des enfers. Car si le narrateur ne cesse de croire à la possibilité du bonheur, ses espoirs de paix, de sérénité (sinon de normalité) semblent immanquablement devoir s'effondrer devant le poids du destin. Mais c'est précisément au milieu de cette souffrance, du fait de cette sur-abondance de tragédies, que naîtra - rédemption sublime ou prix du tragique - la destinée du narrateur, celle d'un écrivain prodigue dont les oeuvres marqueront de leur profondeur des générations de lecteurs ... (Rêve d'auteur ou signe du destin ?)

C'est ensuite une œuvre marquée par la violence, d'abord celle, atroce, des meurtres, et plus particulièrement des meurtres d'enfants, de jeunes filles – peut-être les plus insoutenables !! Mais très vite ces derniers serviront de prétexte, de révélateur à une autre violence, plus ordinaire, celle-là, mais toute aussi meurtrière. La violence des petites communautés rurales de l'Amérique profonde (et pas seulement de l'Amérique, il n'y a cas regarder devant nos portes !) abruties de superstitions religieuses et de peur de l'autre (même si ce dernier est un membre de longue date de la communauté), prompte à accuser son voisin et le voisin de son voisin des pires vilenies si cela sert leurs intérêts, Tout aussi prompt à condamner sans procès l'étranger pour la seule raison qu'il n'est pas l'un des « nôtres ». Car c'est t dans cette Amérique profonde, du Kansas, de la Géorgie et d'ailleurs que les lynchages d'afro-américains ont perduré le plus longtemps, le dernier en date était en 1966.

Bref, Seul le silence est une œuvre magistrale dont la lecture, peut-être un rien aride au début n'a pas cessé de me bouleversé tout au long de ce récit. Il s'agit de ces œuvres comme on en rencontre que trop rarement et qui laissent un sillage indélébile après leur passage, comme la queue d'une comète.

"Tu connaissais Alexandra, n'est-ce pas ? demandés-je à l'homme mort devant moi. Tu la connaissais, mais je peux imaginer que tu ne l'as jamais vraiment comprise ... Tu n'as jamais vraiment compris personne n'est-ce pas ? Peut-être que tu pensais connaître les gens ... mais c'était juste ton imagination. Il n'y a jamais pu avoir ni compassion ni humanité en toi ... pour faire les choses que tu as faites pendant toutes ces années."

Je ressentais souvent le besoin de compagnie, mais je la surmontais grâce à la certitude que tout ce que je gagnerais, je le perdrais bientôt. [...] Je ne tentais pas mas chance, persuadé qu’ainsi je ne pourrais pas perdre

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9 novembre 2014 7 09 /11 /novembre /2014 21:40
Roger John Ellory

Roger John Ellory

Biographie (résumée) :

  • Nom : Ellory, René John (R.J.)

  • Naissance : Juin 1965, Birmingham (Angleterre, Royaume-Uni)

  • Profession : Romancier (Roman policier, Thriller)

  • Père : inconnu, mort avant la naissance de R.J. Prétendument, un voleur irlandais.

  • Mère : Carole, Actrice, Danseuse de Balet, Chanteuse. Décède de pneumonie en 1972 (R.J. A 7 ans)

  • 1 Frère ainé

  • Grand père : Mort noyé au large de la péninsule de Gower (Pays de Galles, Royaume-Uni) en 1957

  • Grand-mère : Elève un temps R.J. avant de le placer en orphelinat.

 

Biographie (détaillée) :

Roger John Ellory né en juin 1965 à Birmingham (Angleterre, Royaume-Uni). Jusqu’à l'âge de 7 ans, il vit avec son frère et sa grand-mère chez sa mère, sa seule parent - Ellory n'a jamais connu son père, selon certaines sources, il aurait été un voleur irlandais.

En 1972, sa mère meurt d'une pneumonie. Sa grand-mère devient alors la tutrice légale des deux enfants. Mais elle refuse vite de s'en occuper et les confie à un orphelinat.

Commence alors pour Ellory une vie de délinquance et de délits mineur caractérisée par les expulsions successives des orphelinats où il est placé.

A 16 ans, il se retrouve à l'orphelinat de Kingham Hill, à Oxford. Il s'agit d'un orphelinat fondé par une famille de riches banquiers, la famille Barings-Young pour les enfants abandonnés. Là Ellory y découvre, dans la bibliothèque de l'orphelinat, les romans de Charles Dickens, d'Agatha Christie, de Arthur Conan Doyle, de Truman Capote, de Harper Lee, d'Ernest Hemingway et de William Faulkner.

En 1981, à 16 ans, il quitte l'orphelinat et s'inscrit au Bourneville College of Art tout en continuant sa vie de délinquance. Un an plus tard, il est arrêté pour braconnage et condamné à de la prison ferme.

A sa sortie de prison, il rentre juste assez tôt pour assister à la mort de sa grand mère. Il décide d'arrêter le collège, trouve un travaille dans la photographie et la conception graphique. Parallèlement à son travail, il étudie la musique, joue de la guitare et de la trompette dans un groupe nommé les « Raies Manta » qu'il quittera à la mort du batteur.

Il étudie alors la littérature (Œuvre complètes de Conan Doyle, de Michael Moorcock, de J.R. Tolkien, de nombreux ouvrages de Stephen King, de L. Ron Hubbard, de Gibran …), la philosophie (Socrate, Platon, Freud, Sartre, Schopenhauer, Sören Kierkegaard, Descartes, Dewey), la religion (le boudhisme : Guatama Shakyamuni, Guatama Siddartha, Krishnamurti et le Livre des Morts Tibétains), la Bible et le Bhagavad Gita., la psychologie et la psychanalyse (Freud, Adler, Jung), les thérapie mentales et les techniques de réhabilitation des toxicomanes.

Le 4 novembre 1987, il entreprend la rédaction de son premier roman qui auquel il consacrera plusieurs mois d'écriture intensive. Suivent 22 autres récits, tous écrits à la main, et tous refusés par les maisons d'édition britanniques auxquelles il s'adresse au motif qu'ils ne pouvaient pas publier de livres dont l'action se déroule aux États-Unis rédigé par un auteur britannique. On lui conseille de s'adresser à des éditeurs américains … qui lui retournent la même réponse.

De frustration, il cesse l'écriture et prend un travail dans un cabinet. Il y découvre alors l'informatique et le traitement de texte.

En 2001, il se remet à écrire et publie son premier roman Candlemoth. Depuis, il publie un roman tous les ans.

 En septembre 2012, Jeremy Duns, auteur de romans d'espionnage, découvre que, sous le couvert de pseudonymes, R. J. Ellory écrit sur internet de fausses critiques, élogieuses pour ses propres romans et négatives pour ses concurrents5. Lors de la révélation dans la presse par le Daily Telegraph, Ellory s'excuse de son comportement6.

En avril 2013, Le magazine Lire révèle qu'Ellory est un membre actif de l’Église de Scientologie depuis 1986

Bibliographie (Titres anglais) :

  • Candlemoth, 2003, présélectionné pour le CWA Ian Fleming Steel Dagger 20038
  • Ghostheart, 2004
  • A Quiet Vendetta, 2005 - Vendetta - Prix des libraires du Québec 2010, catégorie Roman hors Québec
  • City of Lies, 2006, présélectionné pour le CWA Ian Fleming Steel Dagger 20079
  • A Quiet Belief in Angels, 2007
  • A Simple Act of Violence, 2008
  • The Anniversary Man, 2009
  • Saints of New York, 2010
  • Bad Signs, 2011
  • A Dark and Broken Heart, 2012
  • The Devil and The River, 2013

Bibliographie (Titre français) :

- R. J. Ellory (trad. Fabrice Pointeau), Seul le silence [« A Quiet Belief in Angels »], Paris, Sonatine Éditions,‎ 2008, 504 p. (ISBN 978-2-35584-013-5)

  • Réédition Le livre de Poche Thrillers, 2009, (ISBN 978-2-253-12527-3)
  • Prix10 BibliObs/Le Nouvel Observateur du roman noir 2009 - catégorie roman étranger
  • Prix des lecteurs du Livre de Poche / le choix des libraires 201011

R. J. Ellory (trad. Fabrice Pointeau), Vendetta [« A Quiet Vendetta »], Paris, Sonatine Éditions,‎ 2009, 651 p. (ISBN 978-2-35584-016-6)

  • Réédition Le livre de Poche Thrillers, 2010, (ISBN 978-2-253-12526-6)

R. J. Ellory (trad. Clément Baude), Les Anonymes [« A Simple Act of Violence »], Paris, Sonatine Éditions,‎ 2010, 756 p. (ISBN 978-2-35584-030-2)

  • Réédition Le livre de Poche Thrillers, 2012, (ISBN 978-2-253-15711-3).

R. J. Ellory (trad. Fabrice Pointeau), Les Anges de New York [« Saints of New York »], Paris, Sonatine Éditions,‎ 2012, 500 p. (ISBN 978-2-35584-110-1)

  • Réédition Le livre de Poche Thrillers, 2013, (ISBN 978-2-253-15712-0).

R. J. Ellory (trad. Fabrice Pointeau), Mauvaise étoile [« Bad Signs »], Paris, Sonatine Éditions,‎ 2013, 600 p. (ISBN 978-2-35584-194-1)

  • Réédition Le livre de Poche Thrillers, 2014, (ISBN 978-2-253-17607-7).

R. J. Ellory (trad. Fabrice Pointeau), Les Neuf Cercles [« The Devil and The River »], Paris, Sonatine Éditions,‎ 2014, 574 p. (ISBN 978-2-35584-269-6)

 

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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 06:00
Le Dépeceur Nathalie Baumhauer
Le Dépeceur Nathalie Baumhauer

Le Dépeceur Nathalie Baumhauer

Baumhauer Nathalie, Le Dépeceur - Editions Ex Aequo - Septembre 2014 - 978-2-35962-640-7

Synopsis :

Lorsque Dolores Mc Bright fit appel aux service du détective Jarvis Brucester pour retrouver son mari volage, elle était loin de se douter que cette démarche allait être le début de l'une des affaires les plus éprouvantes qu'ait eu à traiter le détective.
En effet, l'enquête sur la disparition puis, rapidement, sur le meurtre de Mr Mc Bright conduira le détective Jarvis Brucester et son acolyte, le lieutenant Scharck, sur les traces de l'un des pires prédateurs que la petite Broadwood ai connue. Car depuis quelques temps des femmes disparaissent mystérieusement, leurs corps dépecés sont retrouvés morcelés tout au long de la Maine River.
Remontant patiemment la piste sanglante du meurtrier, Jarvis Brucester parviendra contre toute attente à le démasquer et à le confondre au cour d'un dîner qui restera dans les anales des services de polices.

Commentaire :

Pour ses premiers pas dans le petit monde des auteurs de romans policier Nathalie Baumhauer frappe fort. Le Dépeceur a toutes les armes pour intégrer la famille des thriller et ce avec une touche toute féminine qui lui ajoute un « je ne sais quoi » de légèreté et de décalé qui permet de mieux supporter l'horreur des scènes de crime.
Construit à la croisée du thriller et du roman de détective privé, à mi-chemin de Nestor Burma et de Patricia Cornwell, ce premier roman de Nathalie Baumhauer constitue la première enquête du détective privé Jarvis Brucester. Celui-ci, ancien lieutenant de la police criminelle, est un redoutable limier dont le flaire et les méthodes n'ont rien à envier à son célèbre homologue Sherlock Holmes. Si son charme naturel a pu séduire bien des cœur féminin, son caractère caustique, cynique, en fait un parti tant recherché que redouté.
L'intrigue, construite du point de vue du détective, est menée lentement mais avec une grande maîtrise d'un bout à l'autre de cette enquête aux multiples rebondissements. La narration alterne avec une grande facilité scène d'enquête, d'investigation et scène d'actions au court de courts chapitres dont les titres, pleins d'humour, témoignent de la malice de son auteur.
Le style, mariant une grande aisance d'écriture et une excellente maîtrise des connaissances et procédures policières, présage déjà de nombreuses et passionnantes enquêtes du détective Jarvis Brucester.
N'en doutons pas, nous suivrons ses prochaines enquêtes avec beaucoup de plaisir.

Monsieur Bloom était couvert de sueur qu’il essuya d’un revers de manche puis posa ensuite ses mains sur ses genoux en se penchant en avant pour reprendre son souffle. Max s’était engouffré dans la casse auto. Jarvis avait observé le parcours du chien qui semblait savoir parfaitement où il allait. Il sentit alors qu’il n’était sans doute pas loin de mettre la main sur quelque chose et se mit à courir derrière le chien, suivi de près par Schark. De petites allées étroites et sinueuses serpentaient entre les tours formées par les amoncellements de voitures. Les carcasses métalliques éventrées formaient des couches de différentes nuances faisant penser à une boîte de crayons de couleur. Certains véhicules gisaient là depuis longtemps tandis que d’autres, plus récents, avaient vu leurs entrailles pillées. Max aboya à nouveau. Jarvis se laissa guider par le son. A une quinzaine de mètres de là, derrière une vieille cuve de fioul hors d’usage, totalement rongée par la rouille, il vit la queue du chien frétiller de plus belle, appuyant la joie qu’il ressentait d’avoir mis la patte sur un trésor inestimable. Jarvis s’en approcha et appela le canidé qui leva rapidement la tête de son trou, la gueule ensanglantée. Le détective retroussa son pantalon et ordonna à Max de déguerpir. Après une seconde sommation il abandonna sa trouvaille à contre cœur et s’éloigna en jappant. Là, gisaient deux index tranchés à ras, des viscères dégoulinants et un pied à moitié déchiqueté, ainsi qu’un autre morceau non identifiable. Le tout baignait dans une répugnante marre de sang noirâtre (...

Le Dépeceur Nathalie Baumhauer

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31 août 2014 7 31 /08 /août /2014 18:16
Donna Tartt, Le Chardonneret
Donna Tartt, Le Chardonneret

Donna Tartt, Le Chardonneret

Tartt, Donna - Le Chardonneret [The Goldfinch] - Editions Plon, Feux Croisé - 2014. Traduit de l'anglais (américain) par Edith Soonckindt

   Le Chardonneret, dernier roman en date de Donna Tartt, est une sorte d'OVNI littéraire à l'image de ses deux précédant ouvrages : Le Maître des illusions [The Secret History] (1992) et Le Petit Copain [The Little Friend ] (2002).

   Tout d'abord, comme cela a (trop) souvent été souligné, c'est un ouvrage colossal, presque 800 pages !! Personnellement, cela m'aura pris presque un mois pour en finir la lecture !! Non pas que la lecture en soit hermétique ou même ardue car l'écriture de Donna Tartt n'est rien de tout cela. Ample, abondante et d'un abord agréable, elle coule telle un long fleuve paisible et nous porte paisiblement tout au long des aventures du jeune Théodore Decker. Mais l'ouvrage est également remarquablement documenté, et ce sur de nombreux sujets. Sur l'art et l'histoire des arts dans un premier temps. L'histoire (elle-même tragique) du tableau éponyme de l’œuvre s'inscrit en palimpseste de l'histoire du jeune Decker et abonde en anecdotes, toutes succulentes, sur les péripéties de ce tableau du peintre néerlandais Carel Fabritius. Sur l'art des antiquaires et le secret des meubles anciens. A travers les sages conseils de maître Hobie, l'on découvre avec ravissement mille et un trésors sur la façon d'entretenir et de réparer les vieux meubles … puis de les revendre avec profit dirait un certain Théo. Mais surtout (et c'est là, de mon point de vue l'un des domaines d'excellence de Donna Tartt), sur la manière dont les différents psychotropes agissent sur les organismes. Car Donna Tartt nous décrit avec une précision quasi-clinique les modifications, effets et altérations de la sensation, de la perception, induit par les drogues ingérées par Théo et Boris.

   Ensuite, Le Chardonneret est un ouvrage à part, presque inclassable. Pas vraiment un roman policier, bien que l'histoire commence par une mort tragique (celle de la mère du jeune Théodore Decker, morte dans l'attentat d'un musée New-yorkais), elle ne se construit pas autour de la recherche et de la traque des suspects. Pas vraiment un roman d'initiation ou d'apprentissage dans la mesure où le jeune Théodore Decker, livré à lui-même après la mort de sa mère, puis celle de son père (père absent, alcoolique, joueur, drogué), va devoir faire seul l'apprentissage de la vie. Mais là où Le Chardonneret est unique en son genre est qu'à l'inverse des romans d'initiation de facture « classique » où le héros se construit en affrontant l'adversité, Théodore Decker, lui, semble s'effriter et s'effondrer lentement au contact des événement. Après la mort de sa mère (alors qu'il n'a pas 15 ans), Théodore est accueilli ou recueilli par la famille de son meilleur ami, les Barbours. Et l'on se dit alors que ce jeune garçon a bien de la chance d'avoir des amis aussi dévoués. Mais son comportement, son obstination à se draper en martyre, à ne vouloir nouer aucun liens résonne comme un signe de l'isolement qui sera le sien par la suite. Puis, lorsque finalement son père consent à le recueillir chez lui, à Las-Vegas, commence alors un long cycle d'errance et de déchéance qui va le conduire, lui et son acolyte Boris, d’abîmes en abîmes jusqu'à la chute finale. Et ainsi, de Charybde en Scylla, le jeune Théodore Decker semble prendre un malin plaisir à détruire tout le bien que ses proches veulent lui apporter, à vouloir s'isoler toujours plus profondément dans le malheur comme s'il voulait se punir de quelque chose (sans doute de la mort de sa mère).

   Au final, Le Chardonneret reste un ouvrage unique et insolite. Personnellement, j'ai un faible pour l'écriture de Donna Tartt, pour le côté légèrement précieux, pour les références perlées de culture, pour ces univers tout de velours et de cuirs (Old School). Pour sa façon particulière de raconter les « bonnes familles » et les « biens nés », de nous montrer comment malgré leur richesse et leur particules, leur villa dans Les Hamptons et leur Yachts dans les Keys, le moindre accident peut les faire basculer dans la déchéance, la décadence et la délinquance. Il y a quelque de profondément moral dans ses romans si l'on se donne la peine de regarder derrière la noirceur apparente.

[…] mais cela a-t-il du sens de savoir que l’histoire se termine mal pour tout le monde, même les plus heureux d’entre nous, et qu’au bout du compte nous perdons tout ce qui nous tient à coeur…

Donna Tartt, Le Chardonneret, p.784

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20 juillet 2014 7 20 /07 /juillet /2014 09:50
Le dépeceur Nathalie Baumhauer

Une fois n'est pas coutume. Je voudrais saluer la naissance d'un nouveau venu (ou plus exactement d'une nouvelle venue) dans le petit monde du polar : Auteure alsacienne, mordue de psychologie, passionnée par l'humain dans toutes ses dimensions (même et surtout les plus sombres) , Nathalie Baumhauer vient de produire un nouvel ouvrage : Le dépeceur (éditions Ex Aeco). Un thrilleur criminel haletant et passionnant ... Sortie prévue le 15 septembre prochain ...

Extrait

"(...) - Max ! Max ! lui hurlait son maître hors d’haleine.

Monsieur Bloom était couvert de sueur qu’il essuya d’un revers de manche puis posa ensuite ses mains sur ses genoux en se penchant en avant pour reprendre son souffle. Max s’était engouffré dans la casse auto. Jarvis avait observé le parcours du chien qui semblait savoir parfaitement où il allait. Il sentit alors qu’il n’était sans doute pas loin de mettre la main sur quelque chose et se mit à courir derrière le chien, suivi de près par Schark. De petites allées étroites et sinueuses serpentaient entre les tours formées par les amoncellements de voitures. Les carcasses métalliques éventrées formaient des couches de différentes nuances faisant penser à une boîte de crayons de couleur. Certains véhicules gisaient là depuis longtemps tandis que d’autres, plus récents, avaient vu leurs entrailles pillées. Max aboya à nouveau. Jarvis se laissa guider par le son. A une quinzaine de mètres de là, derrière une vieille cuve de fioul hors d’usage, totalement rongée par la rouille, il vit la queue du chien frétiller de plus belle, appuyant la joie qu’il ressentait d’avoir mis la patte sur un trésor inestimable. Jarvis s’en approcha et appela le canidé qui leva rapidement la tête de son trou, la gueule ensanglantée. Le détective retroussa son pantalon et ordonna à Max de déguerpir. Après une seconde sommation il abandonna sa trouvaille à contre cœur et s’éloigna en miaulant. Là, gisaient deux index tranchés à ras, des viscères dégoulinants et un pied à moitié déchiqueté, ainsi qu’un autre morceau non identifiable. Le tout baignait dans une répugnante marre de sang noirâtre (...)"

Extrait "Le Dépeceur" - à paraître le 15 septembre 2014

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16 juillet 2014 3 16 /07 /juillet /2014 22:56
Megan Abbott : Red Room Lounge [Die a little] traduit de l'américain Jean Esch – Edition du Livre de Poche – 2005 pour l'édition us, 2011 pour l'édition française.  ISBN : 978-2-253-16151-6

Megan Abbott : Red Room Lounge [Die a little] traduit de l'américain Jean Esch – Edition du Livre de Poche – 2005 pour l'édition us, 2011 pour l'édition française. ISBN : 978-2-253-16151-6

Synopsis :

Lora et Bill King sont des frères et soeurs inséparables. Lui est enquêteur au bureau du procureur de Californie, elle enseigne dans un lycée pour fille de Pasadena. Depuis leur plus tendre enfance, ils font tout ensembles et partagent tous leurs secrets.

Lorsque Bill rencontre Alice Steele, l'harmonie du couple frère-sœur est menacée. Lora adopte aussitôt pour une posture défensive, agressive envers la nouvelle venue … même si Alice multiplie les gestes d'appaisement à son égar. Il faut dire que cette dernière est une parfaite femme de maison : excellente cuisinière, épouse fidèle et dévouée et animatrice de soirées hors paire. Peut-être trop parfaite aux yeux de Lora qui soupsonne que tant de perfection cache quelques noirceurs soigneusement dissimulées.

Tout d'abord, les deux femmes s'observent, se toisent, se jaugent du regard, cherchant les défauts dans la cuirasse de l'autre, puis les premières escarmouches arrivent, d'abord à fleurets mouchetés, puis de plus en plus blessantes, jusqu'au duel final où l'une des deux rivales devra céder ou périr.

Critique :

J'avais déjà adoré Megan Abbott que j'avais découverte par Vilaines Filles puis je  l'avais encore plus appréciée à travers La fin de l'Innocence. J'avais aimé sa façon de nous faire pénétrer dans la vie intime de la bourgeoisie provinciale de l'amérique profonde, de nous faire penser comme elle, sentir comme elle … et surtout sa façon si particulière de nous dire que sous les apparences bien proprettes de ces familles se cachent souvent les plus noirs desseins.

Une fois encore, je n'ai pas été déçu ! Red Room Lounge est un vrai bijou de littérature, mais un diamant noir, sombre et venimeux. Rédigé uniquement du point de vue de Lora, l'intrigue se construit au fil des souvenirs de cette dernière. D'où son caractère fragmentaire et subjectif. Elle donne l'impression d'une confession, presque des aveux et laisse présager sinon un drame, du moins des événements funestes. Et lorsque l'on découvre, au fil de la lecture, la tension - sinon la haine - que se vouent les deux femmes, on imagine sans mal quelle fin tragique peut advenir. C'est comme entendre l'histoire d'un conflit raconté uniquement du point de vue d'un seul des deux belligérents : on se doute que toute la vérité n'est pas là mais comme l'histoire est si bien raconté, l'on en vient à croire cette version, à oublier qu'il existe une autre version des événements – peut-être bien différente. C'est comme, aussi, assister, impuissant, à la montée en puissance d'une crise aussi inévitable que destructrice, à la venue d'un conflit que l'on pressent dans toute sa puissance meurtrière de haine et de jalousie accumulée.  Car c'est bien d'un conflit qu'il s'agit, d'un conflit entre deux femmes pour la conquête d'un homme. L'éternelle histoire, en somme. Mais à cette différence-ci que l'histoire se déroule à Los Angeles, la Cité des Anges, dans les années 50 sur fond de jazz (que curieusement Megan Abbott ne semble pas trop apprécier), de drogue et de cinéma.

Dans cette cité hantée par les lumières d'Hollywood, deux univers se rencontrent et s'affrontent : celui, feutré et poli de la petite bourgeoisie californienne, et celui rude, noir et corrosif des bas quatriers d'Hollywood. Hollywood avec ses lumières, ses bars et ses boîtes de nuit … et toute la faune qui les fréquente : stars et agents de stars, réalisateurs, entremetteurs de tous poils, putes, toxicos, macros … Côté pile, clair et lumineux, il y a Lora, petite bourgeoise prospère vivant dans la grande maison héritée de ses parents, enseignante dans un lycée de fille de Pasadena … Côté face, obscure et souterrain, il y a Alice, ancienne costumière pour l'industrie du cinéma, déracinée, usée, mais bien décidée à s'en sortir. Et au milieu, il y a Bill. Lui serait plutôt du côté clair et lumineux, mais sa profession - enquêteur pour le bureau du procureur – lui met déjà un pied du côté obscur. Et tandis que Lora s'efforce de maintenir son frère du côté lumineux, Alice, lentement, le fait glisser, du côté obscur, sombre de Hollywood. Aussi, in fine, ce n'est plus tant le combat de deux femelles pour un male mais celui, manichéen, du Bien et du Mal … l'histoire éternelle de la tentation et de la chute de l'homme … sauf que, bien sûr, ici, les rôles ne sont pas aussi nettement démarqués. Si Lora appraît comme l'image de la vertu - et c'est bien normal puisque c'est elle la narratrice - des lézardes apparaissent dans sa blanche cuirace ... et ses intensions ne sont pas claires, non plus. Agit-elle pour sauver son frère de l'influence d'Alice ou plus prosaïquement par jalousie ? Quant à Alice, ses efforts pour paraître l'image de la parfaite femme de maison sont-ils vraiment un subterfuge, une mascarde pour cacher son jeu – ainsi que le pense Lora – ou le fruit d'une véritable volonté de se sortir de la noirceur du monde d'où elle est issue.

L'histoire n'est pas simple, on s'en doute. Et c'est ce qui fait tout le piment de ce roman noir, sulfureux, corrosif mais oh combien jouissif !. Un roman qui qui se lit avec un plaisir étrange, mêlé d'un soupson de culpabilité. Un roman dont on ne sort pas indemne, non-plus … car au plus profond de nous, une petite voix nous dit que ni Alice ni Lora ne sont tellement différentes de nous.

 Le plus terrible dans ce monde, c'est de découvrir de quoi vous êtes cabale. 

Red Room Lounge, Megan Abbott

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10 juillet 2014 4 10 /07 /juillet /2014 21:44
Lorsque Tim a emménagé dans la somptueuse résidence de Fairview, il pensait avoir fait une bonne affaire ....

Lorsque Tim a emménagé dans la somptueuse résidence de Fairview, il pensait avoir fait une bonne affaire ....

James, Rebecca - La vérité sur Anna - XO éditions - Parution : 5 juin 2014 - ISBN : 9782845636835

Synopsis

Tim, un jeune australien, recherche un logement modeste pour fuir la cohabition difficile avec son ex petite amie Lilla et son nouveau boy-friend. Dans un journal local, il découvre une annonce pour une chambre dans le quartier de Fairview, à Sidney. Pour un loyer modique, il pourra s’installer dans l’une des plus belles demeures de Sidney. Tout ce qu’il aura à faire sera de veiller sur la propriétaire des lieux, une jeune fille agoraphobe qui vit cloitrée chez elle.

Installé dans sa nouvelle chambre, Tim tente de sympathiser avec sa propriétaire. Celle-ci est froide, distante et étrangement fuyante. Bien décidé à fraterniser avec sa nouvelle propriétaire Tim multiplie les efforts et ces derniers finissent par payer. Au fil des jours, une relation d’abord fragile et distante, puis de plus en plus intime se noue entre eux. Au fur et à mesure que Tim découvre le terrible passé de la jeune femme, d’étranges événements viennent ternir leur relations : d’étranges silhouettes spectrales hantent les couloirs la nuit et tentent d’étouffer Tim pendant son sommeil, la cuisine est saccagée, des inscription apparaissent sur les murs …

Critique :

   La vérité sur Anna est le second roman de l'auteure australienne Rebecca James, aprés La Beauté du Mal (Beautiful malice).

   Construit à la façon d'un huis-clos , il est tout entier centré autour de la demeure de Fairview et de ses deux occupants : Tim et Anna et plus particulièrement autour de Anna. En effet, du fait de son agoraphobie, cette denière ne peut quitter la maison. Elle est donc prisonnière des lieux, condamnée à subir le poids de son passé. Autant dire que sa situation semble inextricable : son passé la condamne a ne pas quitter la maison et cette dernière ne cesse de lui rappeler le passé.

   Sur ce arrive Tim, qui est l'antithèse d'Anna. Si elle est timide, lui est plutôt extraverti, si elle est mal dans sa peau, lui est plutôt à l'aise dans la sienne, si Anna est prisonnière de son passé et cloitrée dans la maison, Tim vit dans le présent, sans se préoccuper du passé ni se soucier de l'avenir. De plus, il est passionné de surf et de vie au grand air. Dès le départ, le binôme Tim/Anna semble vouer à l'échec. Que peut bien faire ce grand dadais de surfer avec une créature aussi fragile qu'Anna ? La cohabition entre ces deux personnages opposés présageait des trésors de rebondissement : gags comiques, lapsus malheureux, situations tendues, maladresses, etc. … Mais étrangement, ces ressorts ne sont presque pas exploités dans l'intrigue. Tim se comporte plus en protecteur, en chevalier servant, qu'en gaillard maladroit ou mal à l'aise … et les deux habitants fraternisent et se rapprochent …

   Il faudra attendre l'intervention d'un troisième protagoniste, Lilla, l'ex petite amie de Tim, pour que la personnalité de Anna gagne en complexité … ou plutôt pour qu'un autre aspect de sa personnalité se dévoile. Celui d'une femme en colère, une manipulatrice et une adversaire à la hauteur de la nouvelle venue, Lilla. Car Lilla est tout à la fois tout le contraire de Anna et de Tim. C'est un personnage vraimente excessif, au point d'en devenir irritant, antipathique. Elle est arrogante, sans gêne, provocante … bref, elle a tout de la parfaite garce, la séduction sulfureuse compris. Du coup, du thriller intimiste qu'elle était initialement ; l'intrigue tend vers le drame sentimental avec jalousies, rivalités et scènes de ménages à la clef … Et même si au vu du dénouement (que je ne narrerais pas), les scènes de rivalité s'expliquent finalement, j'ai trouvé un rien domage que que les querelles amoureuses occupent tant d'importances dans l'intrigue. Personnellement, j'ai un petit faible pour les intrigues dans lesquelles la vie intime ou sentimentale des protagonistes est réduite au minimum … mais bon, je suis peut-être un peu vieux jeu.

   Heureusement, l'intrigue est servie par un style très épuré, sans ce luxe de fioritures qui alourdit souvent la narration et perd le lecteur dans un maquis de digressions inutiles. Ici, uniquement des phrases courtes, presques lapidaires, qui ne nous livrent que les informations essentielles à la compréhension de l'intrigue. Rien de plus. Du coup, la lecture est agréable, et l'on se laisse porter avec plaisir par le rythme de la narration qui alterne les points de vue. Point de vue de Tim, caméra subjective mais regard objectif, neutre sur les événement. S'il ne comprend pas ce qui lui arrive, du moins essaye-t-il d'y voire clair et de raisonner ; puis point de vue de Anna, à la troisième personne du singulier (pas un pluriel de majesté mais celui de l'aliénation, de la folie - « je est un autre »).

   Au final, que dire ? Certes, La vérité sur Anna n'est pas le best steller de l'année. Certes, qui recherche le suspens, les émotions fortes, bref, le grand frission, sera, comme moi, un peu déçu de l'expérience, restera sur sa faim, mais cela reste une agréable expérience de lecture si l'on accepte de se laisser porter par le fil de la narration, un bon roman à lire à la plage ou dans le train sur le chemin des vacances.

Il y a tant de tristesse sur son visage. Je la vois en permanence, maintenant. Ses yeux brillent d'une sérénité et d'une sagesse qui ne sont pas de son âge. J'imagine que cette tristesse sera toujours là, comme une cicatrice sur un tronc d'arbre à l'endroit où une branche a été arrachée. Ses plaies se résorberont au fil du temps, elles changeront d'aspect, mais elles ne disparaîtront jamais complètement.

Rebecca James, La Vérité sur Anna

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26 juin 2014 4 26 /06 /juin /2014 17:15
Top réalité :  Donald WESTLAKE

Top réalité : Donald WESTLAKE

Westlake Donald - Top réalité - Traduit de l'anglais (États-unis) par Pierre Bondil - Rivages Thriller - Février 2014 - 9782743627157

 

Lorsque John Dortmunder et ses complices (Andy Kelp, Stan Murch, Tiny Bulcher et Arnie Albright) sont abordés par une société de téléréalité pour faire ce qu'ils font le mieux - à savoir s'introduire chez les gens, prendre tout ce qui a de la valeur et disparaître - l'idée avait déjà de quoi praître étrange. Mais lorsque le producteur, Doug Fairkeep, leur laisse carte blanche pour choisir ce qu'ils souhaitent cambrioler, alors il n'y a plus de doute : il y a un os dans le potage.

Mais il en faut plus que celà pour dissuader nos monte-en-l'air ... et puisque le butin est, en quelque sorte, garanti par la maison (de production), pourquoi se limiter à un seul braquage ?

Ce sont donc deux braquages que nos comparses vont devoir préparer : le premier, légal, prévu, filmé et diffusé pour le plaisir et le divertissement des foules, le second, le vrai, à l'insue de la la maison de production et surtout de la société qui la possède ... et qui  possède un local trés sécurisé juste à côté des studios de tournage ... de quoi tenter nos larrons à l'affût du moindre larcin.

 

Une nouvelle fois, Donald Westlake nous démontre brillament que l'on peut faire de bons, voir de trés bons romans, avec des sujets aussi ordinaire que la télé réalité. On y retrouve avec grand plaisir l'humour caustique de Donald Westlake, son goût pour les situations scabreuses et insolites et sa maestria pour nuer et dénouer des situation les plus alambiquées les unes que les autres.

 

Un franche moment de rigolade ... à consommer sans modération !!!!

«Tu sais quelle impression ça me fait? demanda Dortmunder.

-Non, répondit Kelp qui semblait intéressé. Laquelle?

-D’être un de ces types qui tournent dans une autobiographie qui n’est pas la leur.» Il montra la table, les chaises, les murs. «Nous n’avons rien fait et c’est déjà un mensonge.»

Top réalité | Donald WESTLAKE

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21 juin 2014 6 21 /06 /juin /2014 05:54
Lehanne Dennis - Un Pays à l'aube

Lehanne Dennis - Un Pays à l'aube

 

Lehanne Dennis - Un Pays à l'aube (Traduit de l'Anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet) - Collection : Rivages/Noir - Septembre 2010 - I.S.B.N. : 2-7436-2130-3

   1916. La Grande guerre lentement s'achève. Par centaines, les soldats américains rentrent au pays où ils espèrent retrouver la vie qu'ils avaient avant. Mais au pays, rien n'est prêt pour leur retour : l'économie, autrefois boostée par la guerre, retrouve lentement son cours normal entraînant avec elle le pays dans la dépression, pire, les emplois laissés vaquant par les soldats partis à la guerre sont désormais occupés par les populations noires venues du sud travaillant  plus dur et pour moins cher que les salariés blancs. Aussi, pour les braves le retour à la vie civile a comme un goût amer.

C'est dans ce climat de tensions et de colères entretenues tant par la cupidité des élites locales - d'avantages préoccupés par le soucis de conserver leur situation que par les préoccupations légitimes de la population - que par les mouvement anarchistes et communistes répandus à travers le pays comme une nouvelle gangrène sociale que vont se rencontrer deux personnages dont rien, pourtant, ne laissait présager la rencontre.

   Il y a d'abord Danny Coughlin, issu d'une famille irlandaise récemment émigré en Amérique, boxeur semi-professionnel, il est le fils et le protégé du Capitaine Coughlin. Héros du Boston Police Departement, ce dernier incarne la police "à l'ancienne": il gère son service comme sa famille, avec une poigne de fer et malheur à qui viendrait contester son pouvoir ou ses décisions; et, même s'il se présente comme l'ultime rempart au désordre et à l'anarchie grandissante, cela ne l'empêche pas de se livrer à de petits trafics illicites mais fortement lucratifs. Comparé à lui, Danny est plus idéaliste : sensible aux problèmes de la société, conscient de l'injustice d'un système fondé sur l'exploitation des classes laborieuses, il se bat pour le rendre plus juste quitte, pour cela à s'opposer à son père et à ses supérieurs au sein du BPD.

  Et puis il y à Luther Laurence, jeune ouvrier afro-américain fan de base-ball, contraint de quitter précipitamment Saint-Louis (Missouri) en y laissant femme et enfant pour fuir la vengeance d'un gang local. Comme Danny, Luther rêve d'un monde meilleur, plus juste, où la couleur de la peau et l'origine sociale ne scelleront plus le sort des individus. Et comme lui, les injustices du système le révolte.

   Grand amateur de romans réalistes, j'ai toujours eu un faible pour les romans dont l'intrigue s'appuie sur un solide background historique, pour les romans qui font se rencontrer l'histoire (celle des personnages) et l'Histoire. J'ai toujours eu un frisson de plaisir à croiser au coin d'un page telle ou telle figure de l'Histoire ... à condition qu'elles ne viennent pas faire de l'ombre aux personnages de l'intrigue, voir leur voler la vedette. Ainsi, j'avais aimé les deux volumes de la grande trilogie de Ken Follett (Le Siècle des Géants) mais j'avis regretté que l'histoire des personnages se perdent dans l'Histoire ;  j'avais adoré, en revanche, les aventure de Bernie Gunther, de Philippe Kehrr, et croisé avec amusement (si, si !!) Eichmann, Goebbels et consorts au coin d'une page. Ils étaient là parce qu'il était logique qu'ils le soient, sans prendre toute la place ni faire tâche (même si certains l'étaient).  Bref, je croyais avoir connu le meilleur et le pire aussi (je vous en parlerai un jour) des romans à Histoire ... et je me trompais. Avec Un Pays à l'aube, Dennis Lehanne met la barre trés, trés haut.

   Sans être un spécialiste de Dennis Lehanne, ni même un néophyte ... Bon ok, disons le : c’était mon premier Lehanne - Je peux dire que ce roman est un "petit" bijou (j'hésite à dire petit car il fait bien ces 800 pages !

    Comment le définir ? Sans être stricto senso un polar (ce n'est pas un roman à enquête(s) même s'il y a bien des enquêtes -  et des enquêtes de polices - dans son intrigue), il est cependant bel et bien un roman noir :

 Construit autour d’un réel épisode historique (la grève des policiers de Boston de 1919), il s’appuie sur un background historique (très richement documenté !!) dont la tonalité dominante est assez éloignée du rose bonbon, voir du bleu clair … plus proche du bleu foncé (celui des houppelandes des forces de police de Boston) … voir du noir (celui des drapeaux anarchistes). Bref on a bien affaire ici à un roman noir !

Malgré ces 800 pages bien senties, Un Pays à l’aube se lit avec une grande facilité et un grand plaisir. Pas de longues digressions sur le détail d’un habit ou la structure sociale de la société, non ici chaque mot, chaque expression est pesée, calibrée (du 38. Spécial)  et ciselée pour être pile poil au bon endroit et au bon moment (pas comme ces gens plus ou moins braves qui, pris au milieu des manifestants, se retrouvent fichés comme subversifs alors qu’ils allaient justes acheter des cigarettes … et ne sont jamais rentrés). Ici, la narration alterne action et repos comme Armstrong (Louis, pas Neil) alternait les crochets … pas de répits, ou juste ce qu’il faut pour faire durer le plaisir.

Au final (un final par KO, forcément), ce livre nous laisse dans les cordes avec l’envie d’en lire d’autres comme lui.


Peut-être était-ce cela,finalement, le véritable prix à payer pour avoir fondé une famille : se retrouver dans l'incapacité de soulager la souffrance des êtres aimés, de la faire disparaître de leur corps, de leur coeur, de leur tête. On prenait ses enfants dans ses bras, on leur donnait un nom, on les nourrissait et on formait des projets pour eux en oubliant que le monde les guettait, prêt à les tailler en pièces.

Un pays à l'aube | Dennis Lehane

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Présentation

  • : Considérations Intempestives
  • : En 1873, le philosophe allemand Friedrich Nietzsche publiait ses "considération intempestives " en réaction aux dérive de son époque : fièvre identitaire, dérive nationaliste, Enquistement dans la pensée unique. Aujourd'hui, la philosophie, à son tour, s'est peu à peu laissée gagnée par le mal du temps (Il n'y a qu'à lire quelques lignes de Ferry, Finkielkraut et consorts pour s'en convaincre). Seul le roman noir et quelques irréductible philosophes continuent à brandire le pavillon de la critique ... Ce sont eux que je désire vous faire connaître.
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  • Passionné de littérature, de culture et d'art avec une prédilection pour les polars et le jazz, l'auteur désire simplement partager sa passion.
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